Quel bilan de l’épidémie de Covid en pédiatrie ?
La circulation du SARS-CoV-2 chez les enfants s’est intensifiée depuis fin octobre 2021 avec l’onde delta et encore plus avec l’avènement de l’omicron, comme dans le reste de la population. À cause de une forte augmentation des cas positifs par rapport aux vagues précédentes, nous avions peur des vagues d’enfants à l’hôpital. Selon le dernier bilan de Santé publique France, le nombre d’hospitalisations en soins conventionnels et en réanimation pédiatrique a augmenté depuis début décembre 2021, mais elles concernent principalement nourrissons jusqu’à 1 an (Ceci est en fait courant chez les nourrissons de moins de 3 mois fièvre isolée être hospitalisé pour surveillance). Il y a eu des cas co-infecté par le virus respiratoire syncytial (VRS) et le SRAS-CoV-2 chez ces jeunes enfants, ce qui peut rendre difficile l’attribution de la gravité à l’un ou l’autre des virus, d’autant plus que la bronchiolite du jeune nourrisson est une source fréquente d’hospitalisation en réanimation.
Il convient également de noter qu’une proportion importante du nombre d’enfants est hospitalisé pour une raison autre que Covid, le dépistage est systématique à l’admission. D’après les enquêtes Flash que nous menons depuis 4 semaines dans différents hôpitaux pédiatriques (réseau des pathologies infectieuses pédiatriques), La proportion de Covids “aléatoires” est très élevée durant cette vague omicron : elle varie de 40 à 60% selon les semaines et les centres..
Notre ressenti en pédiatrie est clair : nous n’avons en aucun cas été et ne sommes pas submergés par les hospitalisations au Covid. la situation actuelle n’a rien à voir avec l’épidémie de bronchiolite liés au VRS.
L’infection à l’omicron est-elle moins grave chez les enfants que chez les adultes ?
L’infection par le SRAS-CoV-2 reste bénigne chez les enfants. Omicron est beaucoup plus contagieux que les variantes précédentes, il y a beaucoup plus d’enfants malades et aussi hospitalisés, ce qui donne l’impression d’une plus grande virulence. En réalité, La grande majorité des enfants infectés présentent de petites formes qui disparaissent en quelques jours voire asymptomatiques.
Omicron peut provoquer une laryngite sous-glottique, comme mentionné dans un rapport très récent étude américaine ?
Le variant omicron affecte probablement plus la sphère ORL que les autres variants (qui ont causé plus d’infections des voies respiratoires basses), mais provoque-t-il plus de laryngite sous-glottique que d’autres virus respiratoires comme le parainfluenza ? Nous n’avons pas de données sur ce point.
Et qu’en est-il des PIMS (Pediatric Multisystem Inflammatory Syndromes) ?
Le nombre d’enfants grandement touchés, la peur s’est vue se lever augmentation exponentielle des PIMS, ces réactions inflammatoires sévères surviennent 2 à 6 semaines après l’infection. Selon les dernières données du « Copil Covid Child Inflammation », 964 cas ont été déclarés au 3 février 2022 depuis le début de la pandémie (avril 2020 à janvier 2022), dont 881 cas confirmés (dont 1 décès). Une augmentation du nombre de cas de PIMS est observée depuis la dernière semaine de 2021 et surtout durant ces 3 premières semaines de 2022. associée à la fin de l’onde delta (Figure 1). S’il est encore trop tôt pour évaluer la gravité des PIMS post-omicron, des foyers d’infections à omicron survenus pendant les vacances de Noël, un réseau de surveillance mis en place – par la Direction de la Santé Publique, mais aussi par des médecins du service de réanimation – aurait déjà dû signaler un signal d’avertissement. Les données des États-Unis, où la vague épidémique devance de dix jours la France, ils sont aussi apaisants (pas encore d’augmentation du PIMS, figure 2). Alors ne vous inquiétez pas, mais nous devons rester vigilants pour les prochaines semaines…
Figure 1 (source : Santé publique France) :
NB : Une mise à jour de ces chiffres a été publiée par Santé Publique France le 17 février, qui a confirmé la tendance à la baisse des cas de PIMS (données jusqu’à 2,13), indiqué sur ce lien.
Figure 2 (la source: Centres de Contrôle des Maladies, États-Unis. Le graphique montre la moyenne mobile sur 7 jours du nombre de cas de Covid-19 et de cas PIMS avec une date d’apparition entre le 19 février 2020 et le 24 janvier 2022) :
Alors pourquoi préconiser tous ces rapports alarmants sur la vaccination des enfants ?
La stratégie de la peur ne fonctionne pas, les rapports d’anxiété sur la gravité des enfants ne conduiront pas à l’adhésion à la vaccination, au contraire !
Vous devez expliquer, donner à vos parents des informations objectives sur ce que vous savez et ce que vous ne savez pas, et les laisser décider de faire vacciner ou non votre enfant. La Société de pédiatrie préconise pour décision médicale partagée.
Votre position est en contradiction avec la position du Conseil de recommandation de la stratégie vaccinale… que pouvez-vous dire à vos parents à la lumière des dernières données ?
Malheureusement, il n’y a pas de pédiatre au Conseil Scientifique… Nous pédiatres plaçons toujours l’intérêt supérieur de l’enfant au centre de la prise de décision.
Le défi de la vaccination est Éviter les formes sévères plus fréquentes chez les enfants à risque avec comorbidités. Selon le réseau Pandor, animé par le Pediatric Infectious Pathology Group, la moitié des enfants (40) présentaient au moins une comorbidité (maladie cardiaque, drépanocytose, maladie respiratoire ou neurologique, déficit immunitaire) chez les enfants hospitalisés en réanimation. entre fin août 2021 et le 9 janvier 2022. . Il y a donc un bénéfices individuels de la vaccination des enfants atteints de maladies chroniques et de leur entourage.
La vaccination peut être justifiée pour tous les enfants car protège contre les PIMS : au moins il a été démontré que les adolescents vaccinés réduisent le risque, bien que nous ne disposions d’aucune donnée sur l’omicron ; Reconnaissant que le PIMS reste une complication très rare (environ 450 cas en France sur 5 millions d’enfants âgés de 5 à 11 ans depuis 2020, soit 1 cas pour 4 000 infections), qui nécessite dans la plupart des cas une réanimation (60-70 %). Par rapport, il n’y a pas d’intérêt collectif avéré à vacciner les enfants. Son effet sur cette onde omicron est également incertain, mais si une autre variante émerge par la suite, le bénéfice pourrait être plus important. Nous savons enfin que maintenant ce vaccin est sûr dans ce groupe d’âge.
Une fois que les parents sont au courant de cette information factuelle, leur décision doit être respectée. Pour les familles non convaincues, cela doit être renégocié à mesure que la pandémie se développe.
et mise en vigueur est contre-productif et peut compromettre le succès d’autres programmes de vaccination dont les bénéfices sont encore plus évidents : HPV, rotavirus, méningocoque B, varicelle… Le risque est une perte de confiance des parents dans la vaccinationqui n’est plus trop élevé en France !
Cinzia Nobile, Revue pratique
En savoir plus:
Santé publique française. Situation épidémiologique liée au COVID-19 entre 0-17 ans. 13 janvier 2022.
Kozlov M. Omicron frappera-t-il plus durement les enfants ? Les scientifiques tentent de le découvrir. Nature 4 février 2022.
Nobile C. Entretien avec le Pr Élise Launay. Kawasaki post-Covid et autres épidémies : chiffres en France et enseignements à tirer.Rév Prat (en ligne) 22 octobre 2021.
Société française des pédiatres. La vaccination des enfants de 5 à 11 ans : une décision médicale partagée avec les parents et les enfants. 8 février 2022.
Lévy M, Recher M, Hubert H et al. Syndrome inflammatoire multisystémique de l’enfant selon le statut vaccinal COVID-19 chez l’adolescent en France. FOSSE 20 décembre 2021.